Pour ma part, les tout premiers extraits que j'aie lus étaient dans la traduction d'Henri Parisot (et tirés du petit ouvrage qu'il consacra jadis à Carroll chez Seghers, dans la collection "Poètes d'aujourd'hui" : cela remonte pour moi à l'époque du collège, dans les années 70). Plus tard, je me procurai celle de Jacques Papy dans l'ancienne édition "Marabout", et ce fut ma première lecture intégrale des deux romans.
Il faut bien reconnaître que toutes les deux sont imparfaites et non satisfaisantes.
Malheureusement, il en sera sans doute toujours ainsi, quels que soient les efforts que les traducteurs pourront faire : c'est inhérent au texte original, dont il est impossible de restituer fidèlement les subtilités de langage.
Il m'est arrivé de parcourir rapidement des traductions plus récentes, et je les ai toutes trouvées plutôt inintéressantes : elles n'apportent strictement rien de nouveau. On a même l'impression que leur seul but était juste de proposer quelque chose de différent des deux précédentes.
Du coup, j'en reste aux deux ci-dessus pour le texte français, mais je préfère de toute façon lire ces romans dans le texte original, puisqu'on ne peut espérer le restituer avec fidélité. Les tentatives de "justification" des options de traduction en français sont le plus souvent maladroites. Je pense d'ailleurs qu'elles correspondent surtout à la volonté du traducteur de justifier ses propres choix, et de se convaincre qu'ils étaient judicieux, ou en tout cas "meilleurs" que ceux des traducteurs l'ayant précédé. Point de vue personnel, on en conviendra.
Je dispose donc de plusieurs éditions du texte original, ma préférée restant incontestablement celle annotée par Martin Gardner (dont je reparlerai plus tard), la plus riche, et qui permet de mieux "toucher du doigt" la richesse et la subilité du langage adopté par Carroll.
Je ne sais pas combien de versions j'ai exactement chez moi, mais sans doute 6-10, je pense.
Je n'ai pas acheté la version illustrée par Peake, et j'aimerais me procurer celle illustrée par Rackham (rééditée assez récemment).
C'est étonnant, mais la couverture de l'ouvrage illustré par Peake (cf photo ci-dessus) me fait beaucoup penser au style du dessinateur français Régis Loisel, à la fois enfantin et sensuel...